Anecdotes

Nous sommes tous orphelins de Johnny
blog thubmnail


Car depuis que Johnny a décidé de jouer au rocker à l’aube des années 1960, il a marqué toutes les générations jusqu’à nos jours. Même ceux qui n’ont pas spécialement apprécié ses chansons lui sont reconnaissants d’avoir existé parce qu’il a baigné leurs jeunesses … et même plus !

J’ai fait sa connaissance par Lee Hallyday interposé, son cousin par alliance, son « père adoptif », mais aussi son directeur artistique. Et il est aussi devenu le mien en 1967. Je tentais alors de chanter du RnB et j’ai eu l’heur de lui plaire. Il m’a pris sous son aile et m’a obtenu un contrat d’enregistrement dans la même maison de disque que Johnny.

Bien entendu, le risque était grand d’être comparé à Johnny … et ce fut le cas ! Mais après avoir écouté mon album de RnB, Johnny a voulu me rencontrer pour me dire ô combien il l’appréciait et me proposer de partir deux mois en tournée avec lui à la fin de l’année 1967. Johnny ne craignait personne et, d’ailleurs, que pouvait-il craindre d’un jeune chanteur comme moi, lui qui était déjà une Idole !!!

Ce fut un grand honneur pour moi et une expérience inoubliable, même si je ne chantais alors que trois chansons en première partie du spectacle. Johnny m’a pris sous son aile, m’a permis de faire la connaissance de tous ceux qui « faisaient le show business » en France, m’a emmené dans son sillage de virées nocturnes. Pendant presque deux années, j’ai fait partie du cercle de ses copains.

C’est ainsi qu’un jour, Johnny m’a emmené à Londres en pleine époque du « Flower Power » pour acheter la panoplie des hippies obligatoire si on voulait être « in ». A la sortie de l’avion, quelle surprise : Jimi Hendrix nous attendait. Car Johnny et Jimi étaient très amis. Ce dernier nous a baladé partout à Soho pour que nous puissions « nous mettre à jour » en matière de mode, mais aussi dans toutes les boites de nuit à la mode où il nous a fait rencontrer la crème des artistes en vogue du moment, dont les Bee Gees et bien d’autres.

Ce fut vraiment un voyage inoubliable. Nous étions partis à Londres en jeans, on en revenait habillés avec des tuniques à fleurs et des bandanas dans les cheveux !!!

Nos routes se sont séparées lorsqu’après mon accident de voiture en 1970 ma carrière s’est rapidement dégradée mais Johnny avait tout de même pris la peine de me conseiller le chirurgien qui avait opéré Sylvie et en qui il avait une totale confiance. Merci Johnny et Sylvie ! Et la traversée de mon désert dura 10 années. Mais Johnny n’oubliait jamais personne. Il fut très attentif à mon retour au début des années 1980 lorsque notre métier nous faisait nous rencontrer à nouveau sur des plateaux de télé ou dans les studios de radios.

La dernière fois que je l’ai vu, c’était il y a une dizaine d’années. Nous enregistrions nos albums respectifs au même endroit, mais pas dans le même studio. Il m’a fait venir dans le sien et m’a fait entendre ce qu’il enregistrait alors, dont une version « à tomber » de « Love me tender ». Il m’a demandé ce que j’en pensais, et je me souviens lui avoir dit (sous l’œil inquiet de « sa cour ») que « Pour une fois que tu ne hurles pas… ta voix est splendide». Il m’a regardé bizarrement et m’a dit : « Parce que d’habitude tu trouves que je hurle ? ». C’était bien sûr une blague qui nous a fait bien rire ! En le quittant ce jour là, il m’a dit : « Il faudra quand même que je t’apprenne un jour à chanter du RnR » ! Je lui ai répondu que, dans ce cas, je lui apprendrai à chanter du RnB !

J’ai vu plusieurs de ses grands shows sans aller l’importuner backstage. La première série des « vieilles canailles » aussi bien entendu.

Je ne l’ai pas revu personnellement depuis ces séances studio, mais il restera dans ma mémoire jusqu’à ma propre mort. Son départ me laisse un goût amer.

Nous sommes tous orphelins de Johnny …


Salutation amicale
Herbert LÉONARD

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