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Avec « Les Jets »
Cette guitare fut une « révélation » pour moi et je me fis la promesse que, dès mon plâtre disparu, je deviendrais
le « plus grand guitariste du monde », dans la droite lignée des Shadows. Nofs, qui voulait jouer de la basse, fut
prié d’apprendre la batterie car le fils de l’épicier d’en face de chez moi était déjà bassiste. Un second guitariste
(dont j’ai oublié le nom) fut recruté et, tout en apprenant à jouer sur une guitare totalement faite de « bric et de
broc », j’ai créé le groupe « Les Jets » (une référence à « West Side Story »). Pendant presque deux ans, les
répétitions se succédèrent jusqu’à ce que nous puissions faire quelques apparitions sur les scènes des dancings
des environs de Strasbourg en compagnie d’autres groupes (il en naissaient et il en disparaissaient toutes les
semaines à cette époque). Mais quelque chose clochait : la mode était aux groupes avec chanteurs, façon
« Chaussettes Noires », « Chats sauvages » et autres « Pirates ». D’évidence, il nous fallait un chanteur si nous
voulions ne pas disparaître comme tant d’autres.
Le salut vint de Michel Ragot, chanteur déjà en vogue à Strasbourg qui, séduit par notre proposition de se joindre
à nous, nous permit vraiment de nous affirmer en tant que groupe de Rock à Strasbourg. Bien vite, le répertoire
que nous avions choisi, plutôt éclectique (on jouait même « Sophie », une des toutes premières chanson du
génial « Christophe »), fit l’unanimité auprès des adolescents venant se divertir au « Coucou des bois », un
dancing d’un bon demi-millier de places situé aux confins d’une banlieue de Strasbourg, qui accueillait les
groupes du coin tous les samedis soirs et dimanches après-midi. Notre renommée s’accentua encore lorsqu’au
début de 1964 nous remportâmes le concours régional organisé par le magasine « Nous les Garçons et les
Filles » en interprétant, avec jeux de scènes à l’appui SVP, une chanson des « Beatles » (du jamais vu sur scène à
Strasbourg jusqu’alors) : « I wanna be your men ». Dès lors, nous n’eûmes plus de concurrents sérieux et nous
devînmes les « Rois » à Strasbourg et dans toute la région. Un peu auparavant, Michel avait réussi à faire en
sorte que nous puissions participer à une des soirées consacrées aux groupes de Rock au célèbre « Golf Drouot »
à Paris. On s’était déplacé en train avec tout notre matériel et, lorsque nous avons découvert ceux dont
disposaient déjà les groupes de parisiens (et des environs), nous avons pu mesurer le « retard que les groupes
provinciaux comme le nôtre avaient sur eux ». Mais qu’importe, on était passé chez Henri Leproux, ce qui ajouta
encore quelques points à notre notoriété à Strasbourg.
A l’Armée
Mais tout a une fin ! Mes études ne m’intéressaient plus du tout et je séchais un maximum de cours pour ne plus
faire autre chose que de répéter, et de répéter encore. Mon père s’en aperçut et je dus avouer que, même si je
n’avais aucune ambition véritable dans le monde de la « musique », je ne pouvais plus me concentrer sur autre
chose que les « Jets ». Avec l’approbation de mes parents, je décidais de ne pas demander de sursis et de faire
mon service militaire pour, peut-être, y apprendre quelque chose, ou du moins reprendre mes études plus tard. En
mai 1964, je quittais mes chers « Jets » (mon ami Nofs avait dû le faire trois mois plus tôt pour les mêmes
raisons), direction Metz où je devais rejoindre la base aérienne de Frescaty. Ce fut un réel déchirement pour moi
et je n’espérais qu’une chose : que cette période de 18 mois sous les drapeaux passe très vite et que je ne sois pas
envoyé « au cul du monde » après les deux premiers mois d’instruction. Fort heureusement, je restais à Metz où
je fus affecté comme fichiste dans les services administratifs du commandant de la base. J’ai pu ainsi bénéficier
de permissions pratiquement tous les week-ends pour regagner Strasbourg et rester en contact avec mes amis
sans pourtant pouvoir réintégrer le groupe.
Les « Jets » avaient réussi à se faire embaucher par le patron du « Sporting Palace », un grand dancing situé en
plein milieu de Strasbourg. Ils y jouaient tous les samedis soirs et dimanches après-midi et la salle était
constamment pleine d’adolescents et de jeunes adultes. Je passais mes permissions avec eux qui, de temps en
temps, me laissaient jouer avec eux et, parfois, chanter une ou deux chansons que j’avais composées « dans ma
tête » pendant mes longues soirées d’ennui à Metz. Mon service militaire passa ainsi un peu plus vite que je ne
l’espérais. En mal de scène, je décidais de monter un autre groupe avec quelques copains pour occuper mieux
mes permissions. Je le baptisais « Les Liverpool’s » en hommage aux Beatles, mais la formation n’étais pas
viable et nous ne nous produisîmes sur scène que deux fois avant de nous séparer. Parallèlement, je restais
toujours en contact avec les « Jets » dans l’espoir de retrouver ma place de guitariste à ma libération de l’Armée.



















