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Avec « Gérad Manset »
J’avoue que ma mémoire flanche quant à ma rencontre avec Gérard Manset et quant aux motivations de Lee à
me « mettre entre ses mains » (si ce n’est qu’il avait sans doute fait son choix entre Johnny et moi). Ce dont je
me souviens, c’est que Gérard avait une admiration sans bornes pour les chanteurs « à voix » et qu’il voulait
absolument travailler avec moi. Gérard était quelqu’un d’extrêmement talentueux, un artiste avec un grand
« A », un formidable « touche-à-tout », dont la réputation était déjà mythique, et je n’ai pas très bien compris (et
je ne comprends d’ailleurs toujours pas) pourquoi il avait jeté son dévolu sur moi. Toujours est-il que nos
rapports furent immédiatement très intéressants et chaleureux. Il s’occuperait des textes, des orchestrations et de
la réalisation, et insistait pour que je compose moi-même les chansons. Notre collaboration fut très fructueuse en
ce sens que je me pris au jeu parce que je me sentis soudainement investi d’une tâche que je n’avais jamais eu à
assumer jusqu’alors (auparavant, Lee s’occupait absolument de tout et je n’intervenais pratiquement que pour
confirmer le choix des chansons et pour les chanter). Gérard me conseilla sur mes compositions sans pour autant
intervenir personnellement pour les corriger et ne se gênais pas pour me féliciter lorsqu’une chanson lui
paraissait réussie. Je me sentais totalement en confiance avec lui, ce qui m’incitait à ne pas le décevoir et à tenter
de donner le meilleur de moi-même.
Un album en résulta en 1971 : « Trois pas dans le silence », fait d’ambiances parfois bizarres, parfois mystiques,
mais toujours envoûtantes et « très variété ». Le défaut de ce disque, c’est qu’il ne plut qu’à nous-mêmes, malgré
un « petit tube » intitulé « Du blé, du jonc, des radis », sorte de satyre gentillette sur les mœurs du milieu du
show-business. Un 45 tour suivit en 1972 qui n’eut aucun succès (« Une fille en mon cœur ») et l’expérience
avec Gérard s’arrêta là ! D’autant que cette même année là, j’eus l’occasion de participer à la première partie du
show de Robert Charlebois à l’Olympia, composée de la plupart des acteurs-chanteurs de la comédie musicale
« Hair » (j’avais été pressenti plus tôt pour prendre la suite de Julien Clerc, mais j’avais échoué et ce fut Gérard
Lenorman qui eut le rôle) et tous, nous nous fîmes « jeter » par le public qui n’était manifestement venu que pour
Charlebois ! Ce jour-là, en larmes, et malgré les tentatives de Gibert Bécaud pour me consoler, je décidais de
tout arrêter ! Les échecs de l’expérience avec Manset et de celui de l’Olympia m’avaient trop marqué et je
n’avais plus l’envie de continuer ma route dans ce milieu.
Avec Jean Renard, Eddy Barclay et quelques autres ....
Ma décision de tout arrêter ne tint pas longtemps. Car très vite, Jean Renard, qui avait monté sa propre structure
de production, me proposa un contrat en 1973. J’acceptais essentiellement parce que son talent de compositeur
m’avait séduit de par le passé. Deux 45 tours furent enregistrés presque simultanément, mais aucun ne fut
accepté par les médias. Sans doute, Herbert Léonard ne cadrait-il plus avec le contexte du moment qui donnait la
priorité absolue à la « nouvelle chanson française » représentée essentiellement par Cabrel, Duteil, Leforestier !
Très tôt, un matin, Jean s’arrêta chez moi (il me fit sortir du lit), m’annonça qu’il avait fait une étude et qu’il en
avait conclu que « je n’avais plus de public ». Dans la foulée de ses propos, il sortit mon contrat de sa poche, le
déchira et s’en alla ! C’était comme si une « enclume m’était tombée sur la tête ». Il s’en suivit une période de
véritable prostration dont seule la naissance de ma fille Eléa me sortit. Bien sûr, Cléo veillait aussi à ce que je ne
me laisse pas sombrer malgré ses absences pour des raisons professionnelles et toujours, m’encourageait à
relever la tête.
En 1976, un autre producteur qui m’avait « à la bonne » (je ne sais plus son nom, mais il s’agissait d’un DJ de
renom à Sud-Radio) produisit un nouveau 45 tours qui fut vite enterré. L’année suivante, Eddy Barclay me
convoqua pour me dire qu’un chanteur comme moi ne pouvait pas rester dans l’ombre et me proposa un contrat
sous la direction de Philippe Monnet, ancien compositeur-chanteur reconverti en directeur artistique. Deux
disques furent enregistrés qui, une fois encore, furent aussi vite enterrés qu’ils avaient émergé du studio. Enfin,
en 1979, le propriétaire d’une discothèque renommée à Hyères, qui m’avait reçu plusieurs fois en galas, produisit
un 45 tours qui n’avait hélas aucune chance de fonctionner par manque de moyens promotionnels et par
méconnaissance du show-business.
Pendant toutes ces années, hormis les quelques galas que je parvenais encore à faire parce que le public ne
m’avait pas tout à fait oublié, j’ai aussi œuvré comme choriste avec Sylvie Vartan lors d’une tournée mémorable
au Japon qui dura deux mois (1972), et avec Michèle Torr comme guitariste qui, sachant mon désœuvrement et
mon besoin d’argent, m’avait proposé de partir sur les routes avec son orchestre. Je ne leur en serais jamais assez
reconnaissant pour ces gestes.



















